Chaque année, les Français achètent environ 680 millions de tonnes de vêtements par an. En 15 ans, entre 2003 et 2018, une augmentation de 60 % a été observée vis-à-vis des comportements d’achats de vêtements et de textiles par les Français. Cette étude a, par ailleurs, démontré que les habitants de l’Hexagone jetaient 2 fois plus rapidement leurs vêtements qu’avant, soit environ 4 millions de vêtements jetés par an en 2018.
Ces chiffres étourdissants, à faire pâlir y compris les plus éminents spécialistes, protégés dans leur bureau qui ne saurait laisser entendre une mouche voler, ont donné lieu ces dernières années à une indignation du grand public, dont le souhait rémanent semblait être d’enrayer ce fléau écologique et sociétal. Aujourd’hui, l’image RSE (Responsabilité Sociale et Environnementale) des entreprises est un sujet brûlant, car d’aucuns sait que ces données sont relatives mais sur tous les écrans et au bout de toutes les langues, se propageant à l’international de manière universelle. En effet, on évalue à environ 3,6 contacts avec une marque la nécessaire prise de décision d’achat d’un article par un consommateur. Induite ou fortuite, cette nouvelle façon de consommer n’en reste pas moins essentielle, à prendre en compte dans le cadre d’une stratégie de groupe ou même par les commerçants les plus humbles.
Ces nouveaux modes de pensée et de sélection par le consommateur, laissent place à une Slow Fashion, plus raisonnée, durable et éco-socio-responsable. Ce mouvement, représentant de prime abord tout ce qu’il y a de plus louable, a finalement peu à peu tendu la main à de nouveaux modes de consommation : location, usage (au lieu de possession), covoiturage, coworking, échanges de maison et de services, ect. Par exemple, « en France, selon une étude du site Lyst citée par la banque publique d’investissement Bpifrance, les recherches concernant les vêtements écoresponsables ont bondi de 50 % en un an »**** « (+100 % de recherches [NDA : pour certains articles] sur le mois d’avril 2020) »*².
Les enjeux planétaires liés à l’éco-responsabilité sont désormais de notoriété publique mais qu’en est-il du prisme économique ? Cet aspect, pourtant capital pour le fonctionnement du système capitaliste et oligopolistique en place, demeurait souvent négligé des considérations générales, y compris de certains spécialistes, jusqu’à ces derniers mois, voire ces dernières semaines. Depuis peu, de grandes enseignes commerciales rebattent les cartes pour nourrir le flux d’actualités des media, déjà bousculés par des sujets difficiles à maîtriser et dont les informations peinent à être vérifiées car elles sont continuellement évolutives et elles-mêmes incertaines.
Aussi peut-on lire, çà et là, qu’ « autrefois réservée aux écologistes chevronnés, l’économie circulaire gagne du terrain dans le textile »****
La gabegie de masques en tissu fabriqués pour pallier, nous dit-on, la crise des équipements en carence dans ce contexte sanitaire inédit (#Covid19), allant jusqu’à redoubler de créativité en créant un logo spécifique à la filière textile pour valoriser les masques Made in France… En effet, d’après certains journalistes, les masques auraient « sauvé »* le textile pour un certain temps. Pourquoi cet ambitieux verbe « sauver » ? Cela traduit, en d’autres termes, que malgré la croissance fulgurante expliquée en préambule, depuis 2019 les statistiques économiques du textile sont en nette souffrance.
A titre d’exemple, alors que la période de Noël et des cadeaux de dernière minute battait son plein, « au mois de décembre 2019, les enseignes de l’habillement membres de l’Alliance du Commerce ont enregistré, à périmètre comparable, une baisse de -3,8 % (Internet compris), en phase avec le marché global de l’habillement qui a chuté de -4% (source : Panel Institut Français de la Mode [NDA : IFM Panel]). » *^1
Divers facteurs sont étudiés par les experts de la filière textile et du commerce mais, selon leurs premières conclusions, la pandémie du COVID-19 (#coronavirus) y aurait peut-être bien joué un rôle facilitateur. En effet, les Français semblaient alors moins attirés par les articles en provenance de l’étranger et cela aurait permis, selon Marc Pradal, Président de l’Union française des Industries de la Mode et de l’Habillement (UFIMH), de mettre en lumière certaines relocalisations en prévision et de renouer avec un mode de consommation plus « intelligent » et durable, en s’écartant des tentations de la Fast Fashion qu’imposent les grandes marques et enseignes textiles. M. Marc PRADAL a, par ailleurs, publié un rapport sur la relocalisation du textile, intitulé « Relocalisation-Réindustrialisation de la filière Mode et Luxe ».
Finalisé à l’été 2020, il propose une trentaine de mesures tout à fait concrètes, en vue de permettre aux entreprises françaises de relocaliser, de consolider l’emploi et d’améliorer durablement leur compétitivité, afin de les aider à trouver leur second souffle. « Ces mesures qui seraient applicables à l’ensemble des entreprises du textile et de l’habillement, s’inscrivent dans une stratégie de mode durable plus large (traçabilité, écoconception, ACV [NDA : (Analyse du cycle de vie)], recyclage…). Il est nécessaire de tendre à une chaîne de valeur industrielle mieux équipée et plus équilibrée, innovante, privilégiant les « circuits courts » (…), a souligné Marc Pradal » au micro de FashionUnited, qui l’a interviewé. *^3
En parallèle, il apparaît que le « seconde main » (autrement dit, les articles d’occasion) gagne également en notoriété. En France, ce marché « alternatif » représenterait environ un milliard d’euros. De quoi redonner un souffle de « nouveauté » à l’économie circulaire, qui connait déjà ce mode de consommation depuis longtemps mais dont l’essor ne prend que tout récemment ses lettres de « noblesse », y compris soutenu par les entreprises ainsi que par certaines enseignes de mode elles-mêmes, jusqu’à, pour quelques-unes d’entre elles, organiser de surcroît la revente sur leur propre site e-commerce.
Toutefois, malgré ces difficultés évidentes, l’univers du textile continue de produire en masse et pas moins de 624 000 tonnes par an sont fabriquées, en France, selon l’organisme Eco-TLC (l’Eco-organisme du Textile, du Linge et de la Chaussure), soit environ 9,5 kg par an et par personne. *^4
Toujours selon Eco-TLC, « 99,6% des TLC triés sont valorisés, dont 58,6% sont réutilisés en l’état, 41% sont recyclés ou valorisés (10% en chiffons, 22,6% en effilochage, 8% transformés en Combustibles Solides de Récupération et 0,4% éliminé avec valorisation énergétique). Seul 0,4% n’est pas valorisé ! »
Ces derniers chiffres, enregistrés entre 2018 et septembre 2019, pourraient bien continuer leur progression, notamment avec la création d’usines et d’industries tournées vers l’éco-responsabilité, la (re)valorisation des textiles et l’éthique (#RSE) comme, par exemple, la société qui produit Blocbox et Ouatbox en France, ces nouvelles matières de calage économiques (30 % d’économies à remplissage équivalent avec d’autres solutions de calage = une solution d’emballage en moyenne 25 % moins chère que les papiers froissés, selon un Business Case réalisé par une plateforme logistique indépendante), efficientes (efficacité de protection des colis vérifiées et approuvées par l’obtention du label indépendant PROTECTION EFFICIENCY) et éco-responsables (approvisionnement maîtrisé, contrôlé et éco-conçu, vérifié et approuvé par l’obtention du label SUSTAINABLE SOURCING).
Seuls l’avenir et les statistiques officielles des organismes indépendants et / ou spécialistes permettront de le vérifier mais tout porte déjà à croire qu’un vent de fraîcheur souffle sur la filière textile, telle une douce ouate de protection pour l’envelopper et la protéger des perturbations et chocs constants envoyés par les crises économiques du 21e siècle.
Si le sujet vous intéresse, nous vous invitons à poursuivre votre lecture via ce diaporama très intéressant : https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-26008-industrie-recyclage-horizon-2030.pdf
Sources :
* https://www.youtube.com/watch?v=AaO1t-g1080
** https://www.youtube.com/watch?v=–lpfPU-ahs
*** https://www.youtube.com/watch?v=s3Gq8gwDEcA&t=62s
**** https://www.rtbf.be/tendance/green/detail_textile-quand-l-economie-circulaire-devient-un-argument-de-vente?id=10544511
² https://www.bpifrance.fr/A-la-une/Actualites/Les-recherches-concernant-les-vetements-ecoresponsables-ont-augmente-de-50-dans-l-Hexagone-!-50106
***** https://www.usinenouvelle.com/editorial/covid-19-la-bataille-de-la-production-le-textile-sauve-par-les-masques.N964491
*^1 https://www.alliancecommerce.org/bilan-de-la-consommation-textile-habillement-et-chaussure-en-decembre-2019/
1^3 https://fashionunited.fr/actualite/business/mode-et-habillement-30-propositions-pour-la-relocalisation-et-l-emploi-francais/2020070624237
*^4 https://www.ecotlc.fr/actualite-241-retrouvez-les-derniers-chiffres-cles-de-la-filiere.html